Les ouvrages sérieux sur l’histoire du peuple juif ne manquent pas. Les fantasmes les plus fous sont encore bien plus nombreux. On ne saurait, sans naïveté, attendre des premiers qu’ils dissipent les seconds. On ne dira toutefois jamais assez leur nécessité pour aider les esprits raisonnables à répondre aux clichés et aux raccourcis sulfureux. La judéophobie a ses thèmes favoris : les juifs tirent, dans l’ombre, les ficelles du monde ; ils s’enrichissent avec cupidité et appauvrissent les autres. Ce n’est donc pas sans une certaine audace que Jacques Attali se lance dans une vaste fresque, d’Abraham à Ben Gourion, en passant par Marx et Rothschild, sur la tradition juive et ses rapports à l’argent. Occuper le terrain d’un lieu commun : stratégie claire, mais ici périlleuse, risquant d’accréditer des idées mettant en avant “un” peuple juif, “un” rôle particulier qu’il jouerait dans l’histoire du monde, “un” rapport tellement privilégié à l’argent qu’on pourrait parfaitement restituer son devenir à partir de ce seul fil directeur… L’ouvrage écartera bien sûr ces préjugés en entraînant le lecteur dans les passionnants aléas d’une aventure collective complexe, contradictoire et si souvent douloureuse. Ses développements, malgré l’occultation délibérée du versant religieux, feront ressortir que la richesse d’un peuple, fut-il juif, n’est jamais seulement celle de ses usuriers et de ses banquiers.
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